Entretien avec Delphine De Baere et Salim Djaferi
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Y : C'est possible une ou deux questions ? Alors, qu'est-ce que cet espace vous a inspiré sensiblement ? J'imagine que comme tu fais une tournée avec le spectacle Koulounisation ?
D'ailleurs, j'ai rencontré le chercheur qui s'intéressait à votre spectacle, Donato ? Non ?
S : Ah ouais !
Y : Et du coup, on doit tout le temps aller d'un espace à l'autre, d'un théâtre à l'autre, une nouvelle scène. Est-ce que l'espace de cette salle t'a parlé, touché ?
S : À Delphine aussi du coup, mais aussi à Cyriel.
Y : Comment ?
S : Il y a Delphine qui tourne avec nous aussi, qui est sur la pièce, et aussi à Cyriel encore plus. Je ne sais pas si tu l'as interrogé, mais tu pourras le répéter.
Y : Oui, je lui demanderai plus tard, il devait faire beaucoup de montage.
S : Il est plus en mode salle. Vas-y, donc c'est quoi ta question ?
Y : Donc sensiblement, cet espace, qu'est-ce qu’il t'inspire en termes, je ne sais pas, d'architecture, de son, de bruit, de tout ? Vite fait, il n'y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.
S : Oui, oui. Pardon, je n'ai pas du tout pensé à ça en arrivant, c'est une date où on est arrivé très rapidement ici.
Y : Tu sais, s'il n'y a pas de réponse, il n'y a pas de réponse. Ce peut être ça aussi.
S : En vrai, pour répondre de la manière la plus directe, la plus sincère et la plus… Bref, tout à l'heure, je disais, mais bon, c'est en fonction de nos lumières, avec une lumière un peu bleue sur le plateau et un tapis blanc. Et je suis arrivé par derrière le plateau, donc c'était un univers tout à fait bleu.
Et puis, la lumière rouge qui entoure ces sièges très, très rétro-futuristes, je dirais, dans ce cadre un peu plus ancien, presque indus… Je disais que c'était un théâtre un peu tuning. Il y avait une ambiance un peu tuning. Mais je ne dirais pas que ça répond à ta question directement, au sens de ce que l'espace inspire.
C'était plutôt un contexte entre les lumières présentes, mon arrivée…
Y : Il y a aussi la scénographie avec les tapis blancs qui jouent.
S : Et avec la lumière bleue.
Y : Et toi ?
D : Moi, première impression, j'avoue, dans l'état général, il n'y a pas beaucoup de lumières, vu qu'on appelle ça des boîtes noires. Mais là, j'ai eu le sentiment qu'il y en avait encore moins que dans d'autres boîtes noires. Donc c'est une boîte encore plus noire que les autres boîtes noires.
S : Et après, ce n'est pas l'architecture, mais on a tourné dans des théâtres ultra modernes, refaits ou même construits récemment. Du coup, c'est quand même un plaisir de retrouver des espaces plus situés dans la ville, avec des proportions plus humaines, où les cafés autour sontà peu près normaux. Après, je n'ai pas capté le quartier, mais j'ai l'impression qu'il y a des gens qui habitent ici. Et humainement, c'est cool. L'équipe est hyper chaleureuse, et ça va assez bien avec le lieu, je trouve.
D : C'est vrai qu'on a joué dans des théâtres situés dans des zones vraiment inhabitées, et c'est impersonnel à mourir.
Y : Ici, c'est une ancienne usine de textile, réhabilitée il y a une quarantaine d'années, dans mes souvenirs, peut-être que je dis n'importe quoi. Après, il y a le Grand Théâtre, qui a plus de 250 ans, une autre salle. Les salles sont un peu… Il y a trois salles : le Théâtre de Poche…
S : À Grenoble, tu veux dire ?
Y : Non, affiliées à ce théâtre, Le TMG, Théâtre Municipal de Grenoble. Il y a trois salles.
S : D'accord.
Y : Le Grand Théâtre, une salle vieille de 250 ans, avec plein de boiseries partout. À l'ancienne, un théâtre à l'italienne. Ensuite, il y a ici, le 145, et le Théâtre de Poche.
Bref, c'est une ancienne usine de textile, réhabilitée dans un quartier populaire.
Ça, ça vous fait écho à quoi ? Même si vous avez déjà donné quelques indices.
S : Tu veux dire, le fait de le savoir ?
Y : Un théâtre municipal, c'est quand même un service public qui offre une vie culturelle locale. Ce n'est pas un théâtre privé, ce n'est pas… Vous voyez ce que je veux dire ? Politiquement, ça veut dire quelque chose. Et puis, qu’il y ait plusieurs salles un peu disséminées. En tant qu'artistes, comment percevez-vous ce genre d’environnement ?
D : Oui, on est à Bruxelles.
Y : Cool.
S : Moi, je dirais… En fait, je ne sais pas, on n'a jamais joué dans le privé. On est vraiment dans un circuit de théâtre public. On est aussi dans une production, ou en tout cas, une façon de penser le théâtre et de le subventionner, qui est très belge.
Même si on est français de base, on a un peu perdu… Enfin, en tout cas, moi, je n’ai pas encore bien capté les dynamiques entre théâtre municipal, théâtre… Bon, des choses comme ça.
Mais récemment, on a joué dans un théâtre en partie privé. Les places étaient plus chères, et je me suis dit… En fait, j'ai remarqué dans mon entourage, qui est plutôt populaire — racisé de banlieue — que s'ils allaient au théâtre, et ça reste rare, ils allaient plutôt dans le privé.
Et je me suis demandé si je n’avais pas un soupçon de snobisme vis-à-vis de ça, genre théâtre public = qualité.
Mais en fait, quel est le travail derrière ? A quoi sert l'argent ? Comment il est utilisé ? Quelle relation avec quel public ? Je ne sais pas, c'est une pensée pas du tout développée chez moi…
Y : Cool. Tu as quelque chose à ajouter ?
D : Parfois, on voit des théâtres municipaux flambant neufs, avec des millions dépensés, vitrés partout avec des mezzanines… Et parfois, des théâtres municipaux comme ici. Quand on est arrivés, c'était marrant : le régisseur se plaignait que les toilettes étaient condamnées.
Donc voilà, ils doivent tout monter pour aller aux toilettes. Ça m’a rappelé le théâtre à Bagnolet, le Théâtre des Malassis.
S : Théâtre municipal, je pense.
D : Oui, complètement abandonné par la ville, laissé dans son jus. Donc voilà, je ne sais pas trop.
Y : Super, merci beaucoup, je ne vous prends pas plus de temps.